Avant/Après : De vaste terrasse avec vis-à-vis à forêt urbaine
À Paris, ils emménagent dans un duplex neuf, puis se rendent compte que la terrasse manque cruellement d'intimité
Après trois ans d’attente, ces propriétaires venaient enfin de déménager dans leur immeuble neuf, une promotion Nexity tout juste construite en face du 104 à Paris XIXe. Ils avaient choisi l’un des plus beaux appartements de la promotion, le duplex en penthouse orienté sud-ouest avec vue dégagée sur Montmartre. Le rêve (et l’investissement) d’une vie ! L’appartement se prolongeait à l’extérieur sur une terrasse de 83 m² en U, promesse de vie dedans/dehors si rare dans la capitale. Mais voilà, quand ces propriétaires entrent dans leurs murs, ils se rendent compte que la terrasse est exposée à d’importants vis-à-vis et qu’il va être impossible de l’utiliser en l’état. Leur architecte d’intérieur Lara Grand leur souffle alors le nom du paysagiste Kevin Clare, qui n’a pas son pareil pour transformer en jardins sauvages et foisonnants les balcons parisiens nus et froids.
Coup d’œil
Qui vit ici : un couple de quadragénaires et leurs deux enfants
Emplacement : rue Curial, dans le XIXe arrondissement de Paris
Superficie : Duplex de 95 m² avec terrasse de 83 m² et rooftop
Date des travaux : juin 2019
Durée des travaux : 1 semaine
Paysagiste : Kevin Clare
Budget : 20 000 euros
Crédits photos : Marcela Barrios
Coup d’œil
Qui vit ici : un couple de quadragénaires et leurs deux enfants
Emplacement : rue Curial, dans le XIXe arrondissement de Paris
Superficie : Duplex de 95 m² avec terrasse de 83 m² et rooftop
Date des travaux : juin 2019
Durée des travaux : 1 semaine
Paysagiste : Kevin Clare
Budget : 20 000 euros
Crédits photos : Marcela Barrios
Avant. Autour du duplex de 120 m² s’enroulait en U une vaste terrasse de 83 m² qui donnait une agréable impression de vie dedans/dehors au logement. Les propriétaires avaient acheté sur plan et le promoteur avait fortement insisté sur la large vue sud-ouest, dégagée vers Montmartre, depuis la baie vitrée principale de l’appartement (le coin en haut à droite sur le plan). Les propriétaires rêvaient de soirées d’été qui s’éternisent avec les copains en apéros dînatoires face au couchant sur le Sacré-Cœur. Jusqu’à l’aménagement, ils n’avaient pas saisi qu’à l’est (côté gauche de la terrasse sur le plan), un autre bâtiment de la promotion dresserait ses fenêtres à à peine 5 ou 6 mètres…
Après. Aussi, quand Kevin Clare se rend sur les lieux, les propriétaires, un brin paniqués, lui demandent de faire des miracles pour retrouver de l’intimité : « Ils m’ont demandé une “forêt urbaine” sans vraiment savoir ce qu’ils entendaient par là, ni comment la faire surgir. Ils avaient l’idée de se sentir protégés par une densité de végétation dans laquelle ils retrouveraient de l’intimité. Ils avaient aussi l’idée de se sentir dans un vrai jardin foisonnant avec une diversité de plantes, de floraisons et d’odeurs. »
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Avant. Côté est, la terrasse était directement surplombée par les fenêtres du second bâtiment de la promotion Nexity. Un vis-à-vis marqué très gênant, dont il fallait impérativement se protéger avec un écran de végétation dense.
Après. Aujourd’hui, le salon de jardin qui regarde vers Montmartre, se cache des vues directes derrière un rideau de végétaux persistants, qui ne vont pas tarder à prendre de la hauteur et du volume avec le temps.
Lara Grand, l’architecte d’intérieur qui a travaillé à l’aménagement intérieur a préconisé quelques accessoires colorés et confortables pour donner un petit côté bohème à la terrasse : coussins et plaids, accumulation de tapis, banquettes métalliques et en rotin, chiliennes…
Lara Grand, l’architecte d’intérieur qui a travaillé à l’aménagement intérieur a préconisé quelques accessoires colorés et confortables pour donner un petit côté bohème à la terrasse : coussins et plaids, accumulation de tapis, banquettes métalliques et en rotin, chiliennes…
À l’arrière du salon, entouré d’un écrin de nature se niche désormais la pergola qui abrite la table de jardin pour six convives.
Les propriétaires ont craqué sur cet ensemble de mobilier bleu canard.
Mobilier : Fermob collection Luxembourg
Les propriétaires ont craqué sur cet ensemble de mobilier bleu canard.
Mobilier : Fermob collection Luxembourg
Après l’achat, suivi des travaux d’optimisation imprévus de l’intérieur retracés par notre précédent reportage, le budget paysager était loin d’être à l’ordre du jour. Les propriétaires ont néanmoins réussi à débloquer 20 000 euros, le strict minimum pour pouvoir utiliser leur terrasse. « C’était un budget trop faible pour une terrasse de cette taille. Une “forêt” impose une densité et un grand nombre de végétaux et de bacs. Il aurait fallu miser sur un budget autour de 500 à 600 euros du m² tandis que nous avions moins de 250 euros… Il fallait donc trouver une astuce aménagement… », explique Kevin.
En mutualisant la végétation pour former deux espaces distincts, le paysagiste a réussi à coller au budget. « J’ai articulé l’espace autour d’un îlot de végétation dense qui regroupe un grand nombre de pots et bacs en L, végétalisés avec des arbustes persistants. L’un de ses côtés enferme la pergola, l’autre crée un claustra végétal derrière lequel se situe la banquette », détaille Kevin.
« Quand on sort de l’appartement, cet îlot force également le regard à se décaler pour voir le reste de l’espace. En aménagement paysager, un premier plan très dense est une astuce pour créer des surprises dans le paysage, ne pas montrer immédiatement tous les espaces », poursuit le pro.
Au niveau de la végétation sélectionnée pour créer la « forêt » souhaitée par les propriétaires, Kévin a choisi des arbustes persistants, c’est-à-dire qui gardent leurs feuilles toute l’année. Sur la gauche, nous distinguons un fatsia : « Une plante asiatique aux feuilles palmées, qui pousse très vite de façon dense et foisonnante, et occulte facilement les vues », détaille le pro. À celui-ci répond en symétrie un figuier dont les larges feuilles ourlées s’épanouissent au premier plan sur la droite.
Outre l’aspect occultant, le paysagiste a soigné la variété, les couleurs, les floraisons, les odeurs et donné un rôle nourricier à cette nature…
Nous distinguons de la verveine de Buenos Aires au premier plan tandis que derrière la table, se profile, sur la droite, un arbuste moins connu au feuillage cuivré toute l’année : « C’est un feijoa, dit goyavier du Brésil. J’aime son feuillage ornemental gris et ses fleurs blanc rosé avec un gros bouquet d’étamines rouges ! Au bout de trois ou quatre ans, cet arbuste produit un fruit vert comme un petit kiwi, qui est excellent et se consomme en jus ou en compote », dévoile Kevin qui adore partager ses découvertes botaniques.
Nous distinguons de la verveine de Buenos Aires au premier plan tandis que derrière la table, se profile, sur la droite, un arbuste moins connu au feuillage cuivré toute l’année : « C’est un feijoa, dit goyavier du Brésil. J’aime son feuillage ornemental gris et ses fleurs blanc rosé avec un gros bouquet d’étamines rouges ! Au bout de trois ou quatre ans, cet arbuste produit un fruit vert comme un petit kiwi, qui est excellent et se consomme en jus ou en compote », dévoile Kevin qui adore partager ses découvertes botaniques.
Les bacs en Firestone, plantés pour faire écran, ont également servi à ancrer la structure autoportante de la pergola qui recouvre la table de jardin. Ce cocon en châtaignier écorcé, est une vraie signature chez ce paysagiste qui aime beaucoup faire contraster la rectitude du contexte urbain bétonné avec le côté sauvage de cette cabane de Robinson. Les propriétaires l’ont agrémentée d’une guirlande extérieure de guinguette avec des éclairages colorés pour un style bohême chic.
Le châtaignier, naturellement imputrescible, sera recouvert de canisses à la belle saison et de plantes grimpantes (rosiers, jasmin…) afin de protéger du soleil les convives attablés.
« C’est vrai que nous avons beaucoup parlé des inconvénients de la terrasse et insisté sur les vis à vis mais elle a aussi des atouts incroyables à Paris : son orientation sud très agréable et sa vue très ouverte côté Butte Montmartre », rappelle le pro.
« C’est vrai que nous avons beaucoup parlé des inconvénients de la terrasse et insisté sur les vis à vis mais elle a aussi des atouts incroyables à Paris : son orientation sud très agréable et sa vue très ouverte côté Butte Montmartre », rappelle le pro.
Avant. En effet, voici la principale vue de la terrasse, celle dont on profite dès l’intérieur de l’appartement, depuis l’immense baie vitrée qui illumine la pièce de vie. Le côté sud-ouest offre de belles ouvertures sur le lointain, avec une vue sur le Sacré-Cœur.
Après. « Nous avons cherché à valoriser l’ouverture et la vue vers l’extérieur. Nous avons donc installé un gradient de végétaux — denses à l’Est, et de plus en plus clairsemés vers l’ouest — pour accompagner la marche vers l’ouverture visuelle. L’idée était de passer de plantes arbustives hautes et persistantes à des essences plus claires, caduques vivaces et graminées », explique le paysagiste.
Pour animer l’angle ouest de la terrasse et offrir un joli point de vue depuis le salon de jardin, le paysagiste a misé sur une composition élaborée à l’aide de végétation de différentes hauteurs, plantée dans des pots émaillés bleus et vert d’eau.
Pour animer l’angle ouest de la terrasse et offrir un joli point de vue depuis le salon de jardin, le paysagiste a misé sur une composition élaborée à l’aide de végétation de différentes hauteurs, plantée dans des pots émaillés bleus et vert d’eau.
« Avec le budget que nous avions, nous avons mis le paquet sur le salon et l’espace repas et avons ajouté ici et là des groupements de pots pour cadrer des vues et donner du volume à l’espace. Les pots étant moins chers que les bacs, nous les avons emplis de ce côté avec des vivaces, des graminées, des végétaux caduques et des floraisons colorées », explique-t-il. Les rudbeckias jaune soleil répondent aux agapanthes bleu violacé tandis qu’à l’arrière, un cornouiller sanguin anime la composition de ses rameaux rouges aux feuilles claires.
Dernier écueil à gérer — et non le moindre — pour le paysagiste : l’arrosage automatique ! « Impossible de se passer d’un goutte-à-goutte avec cette orientation sud ! J’ai préféré y consacrer 10 % du budget plutôt que risquer que tout meure dans l’année », insiste-t-il. Mais si en principe le paysagiste a l’habitude de déclipser facilement les lames des terrasses en composite, cela était ici impossible sans déposer toute la terrasse ! Il a dû se contenter de faire courir les tuyaux d’alimentation en périphérie…
Avant. Il reste du travail à faire car, en continuant à tourner en direction du plein ouest, les balcons d’un autre immeuble environnant plongent sur la terrasse.
Après. Un désagrément que les propriétaires ont estimé secondaire et décidé de traiter quand ils auront eu l’occasion de reconstituer un peu d’épargne…
Cette partie de l’aménagement paysager a eu lieu sur une semaine en juin dernier et le couple a enfin pu profiter de sa terrasse avec bonheur tout l’été.
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